Le nom de ce premier membre signifie “ne pas blesser”, dans le sens large d’éviter la violence à tous les niveaux : physique, verbal et émotionnel.
Il se rapporte à l’aphorisme II-35 des Yoga Sutra :
« Ahimsa pratishthayam tat samnidhan vira tyagah » qui se traduit par : « Si quelqu’un est installé dans la non-violence, autour de lui, l’hostilité disparaît ».
Description de Ahimsa
Patanjali décrit dans cet aphorisme comment un état de calme intérieur et de maîtrise de soi a aussi un effet apaisant sur notre environnement. Dans cette perspective, si nous adoptons une attitude de compassion et de non-violence envers ce qui nous entoure, le monde dans lequel nous vivons deviendra plus paisible en retour. Il sera plus difficile d’être agressif à notre égard ou même simplement en notre présence. Ce concept de non-violence, dans la philosophie indienne, est extrêmement ancien. C’est sa version moderne que Gandhi a utilisée comme fondement de la lutte pour l’indépendance de son pays : « La non-violence est une force active ». Si cette approche a eu un impact à l’échelle d’un vaste pays, elle peut certainement avoir un effet positif au niveau de notre entourage et vie quotidienne.
Ahimsa se vit à plusieurs niveaux et de différentes manières :
Violence mentale : elle consiste en des émotions négatives envers les autres et parfois soi-même. Cela peut aller de penser du mal de quelqu’un jusqu’à de l’agressivité voire de la haine.
Violence verbale : elle s’exprime en disant du mal des autres, en étant grossier ou insultant, ou en parlant à tort et à travers sans songer aux conséquences possibles de nos mots.
Violence physique : elle va du coup donné à délibérément tuer un être vivant.
Ahimsa dans sa pratique du Yoga
Cultiver sa patience :
Si, par exemple, ma hanche ne veut pas s’ouvrir au cours d’une pratique, je ne la force pas au risque de me blesser. J’accepte que ce soit ainsi pour l’instant. Je ne me fais pas violence pour réussir une posture à tout prix.
Prendre un temps d’introspection avant la pratique :
Il est important de se mettre à l’écoute de son corps et de son mental. Comment suis-je aujourd’hui ? Si je ressens des douleurs au niveau du dos, des genoux ou des hanches, je ne me rajoute pas des tensions inutiles qui ne feront qu’aggraver mon état. Au contraire, je mets le focus sur ma respiration pour accompagner mes postures. Durant la pratique, il est nécessaire d’observer ses sentiments, ils peuvent être mauvais conseillers.
Trouver le temps nécessaire pour sa pratique :
Je prends le temps qu’il faut pour dérouler les asanas sans précipitation. Sinon, pratiquer à la va-vite conduit à une respiration inappropriée et à de mauvaises postures. Si je n’ai pas vraiment le temps, soit je raccourcis délibérément ma pratique soit je la reporte à un autre moment.
Éviter l’envie de perfection ou de compétition : nous avons parfois la tentation de vouloir faire aussi bien que le professeur ou que son voisin. S’attacher uniquement au résultat est se faire violence, avec le risque d’être déçu et éventuellement de se blesser.
Prendre conscience de sa violence et la maîtriser :
C’est l’exercice le plus difficile – observer et identifier nos tensions intérieures et réussir à les évacuer en douceur. La pratique du Yoga nous aide à atteindre Ahimsa via la respiration. Le souffle permet d’être dans les postures sans forcer, nous ramène au moment présent et à l’écoute de notre corps et de nos émotions.
Pour conclure, Ahimsa est source de paix, un agent de transformation profonde qui naît de l’individu en son for intérieur pour s’exprimer positivement dans son entourage. Ahimsa est ainsi une force de tolérance et d’harmonie. Le non-jugement par rapport à soi-même et l’acceptation de se voir tel que nous sommes, permet d’accepter plus facilement l’autre tel qu’il est. Car vouloir imposer ses vues et ses choix est aussi une violence exercée sur les autres. Développons notre bienveillance !